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L’éducation face aux défis du futur

Imaginez un endroit où nos maisons sont si futées qu’elles devinent nos envies avant même que nous les ayons ! Un lieu où l’on passe notre temps à résoudre des énigmes dignes d’un escape game intergalactiques et où l’on collabore avec une légion de robots plus mignons que R2-D2 et Wall-E réunis. Cet endroit, c’est le futur, et nos enfants en seront les résidents.

Bien que ce lieu semble être un rêve éveillé, captivant et merveilleux, il dissimule en réalité un labyrinthe d’incertitudes et de dangers pour les imprudents et les mal préparés.

En effet, pour survivre dans ce futur dystopique il faudra non seulement apprivoiser des machines dotées d’une intelligence artificielle effroyablement puissante, mais aussi maîtriser de nouvelles compétences en un éclair et faire équipe avec des robots aussi emphatiques qu’une porte de prison et des collègues éparpillés aux quatre coins du monde. Et comme si ce n’était pas assez, il faudra aussi prendre des décisions éclairées, en faisant preuve d’un esprit critique aiguisé.  

Autant à la maison qu’à l’école, nous ne pouvons plus nous reposer sur les vieilles méthodes éducatives et continuer à cultiver uniquement la mémoire et l’obéissance des enfants. Le développement de la pensée critique, de la communication efficace, de la capacité à résoudre des problèmes, de l’adaptabilité, du savoir apprendre et de la créativité doivent être intégrés en filigrane dans tous les manuels scolaires, dans tous les cahiers d’écoliers et dans toutes les activités proposées aux enfants. La tâche ne sera pas facile car ces objectifs, poursuivis de manière déséquilibrée, dysharmonique et sauvage, seront source de plus de dérapages que de réussites, surtout lorsque le bouton de la pensée critique est actionné de manière inappropriée. 

Comment combattre le manque de confiance en soi de l’enfant

“Je ne suis pas fait pour ça!”, explique tristement un enfant de six ans, en me montrant une feuille de papier avec trois additions et une soustraction. Il est déçu et triste. Il aurait voulu calculer les noix de l’écureuil et les carottes du lapin mais “3 + 2” lui semble être un calcul qui ne peut être résolu que par les champions de la classe. Nous nous appuyons ensemble sur les additions. Nous comptons avec les doigts, avec des figurines. Nous dessinons. Un quart d’heure plus tard le garçonnet résout les problèmes sans trop de difficulté. Le lendemain, face à d’autres problèmes mathématiques, il ronge le bout de son crayon et fait courir tout un troupeau de moutons verts sur les murs de la classe. Quelque part dans sa tête, quelqu’un a gravé une étiquette: “impropre aux mathématiques”. S’il « n’est pas fait » pour les mathématiques et les nombres, à quoi ça sert d’essayer de faire des additions? De toute façon, il ne réussira pas. L’effort est inutile. Mieux vaut jouer avec les moutons verts. 

Malheureusement, nombreux sont les enfants qui viennent à l’école avec la tête pleine d’étiquettes négatives et les rêves pliés sous le poids des croyances négatives. Ils restent sans bouger, comme des bocaux dans les placards, chacun avec sa propre étiquette, chacun avec le couvercle en dessous duquel il n’ose pas sortir. Ils n’ont que cinq, sept, dix ans, mais quelqu’un a gravé quelque part dans leur cerveau qu’ils “ne sont pas faits pour ça”, qu’ils “ne peuvent pas faire ça”, que “ce n’est pas pour eux” … et que ce sera pour toujours, que leur mauvaise adaptation ne changera jamais. 

Étiquettes négatives “faites-maison”

Beaucoup d’étiquettes toxiques, les enfants les ont attrapées directement à la maison, auprès de leurs parents. Pour les réconforter face à un échec mineur, lorsqu’ils étaient bouleversés ou dans les dialogues habituels, les parents sèment des étiquettes toxiques : “Tu n’obtiendras jamais rien de bon”, “Les études ne sont pas pour toi “,” Tu as deux mains gauches “,” Tu es un paresseux”,” Laisse tomber, ce n’est pas pour toi “,” Tu es bon à rien “.

Trois mots lancés par les parents s’enracinent et se développent comme un baobab dans l’esprit fragile de l’enfant, puis parasitent tous ses rêves et désirs. L’enfant ne sait pas qui “il” est. Il se recherche dans les mots des parents et des enseignants, dans leurs gestes et aptitudes envers lui. Nos mots, l’enfant les considère comme un miroir. Si, selon nos mots, il est mauvais, l’enfant commencera par penser qu’il est mauvais, puis “le mal” s’installera de plus en plus dans ses gestes et comportements.

Soyez prudent quand vous parlez à votre enfant.

Lorsque vous avez froid, vous portez votre main à votre bouche chaque fois que vous venez de tousser. Faites de même lorsque vous êtes nerveux, en détresse, méfiant. Protégez votre enfant des “virus” de votre angoisse, de votre méfiance et de votre désespoir

N’utilisez pas de mots négatifs pour réveiller l’ambition de votre enfant, car vous ne savez pas lesquels de vos mots vont pousser de travers dans son esprit. Au lieu d’être des moteurs pour son développement, ces mots deviendront des monstres qui bloquent toutes les portes de la connaissance.

N’ayez pas peur quand vous voyez que votre enfant tombe. N’ayez pas peur quand vous le voyez triste. N’ayez pas peur lorsqu’ il arrive à la maison avec une mauvaise note. N’ayez pas peur. C’est une mauvaise vague mais votre confiance aidera l’enfant à l’affronter. 

Tout ce qui intéresse l’enfant et le motive EST pour lui. Face un échec la question n’est pas : Continuer ou pas ? mais Comment s-y prendre pour réussir? Analysez le potentiel de l’enfant et ses besoins et bâtissez ensemble une stratégie qui l’aidera à se relever, l’aidera à surmonter ses échecs avec calme et confiance.

Lorsque vous repérez des problèmes majeurs, consultez le médecin, mais ne faites pas de son diagnostic une pierre tombale pour tout le potentiel de l’enfant.

En tant que parent, lorsqu’un problème majeur survient, vous devriez évidemment consulter un médecin. Le rôle du médecin est d’observer où se trouve “le nœud” et de poser un diagnostic. Mais le diagnostic ne doit pas être pris comme une pierre tombale sous laquelle on enterre tout le potentiel de l’enfant. Le diagnostic est pour le parent et l’enseignant un guide qui donne des indications sur “un nœud”, et implicitement permet d’adapter les méthodes et les outils qui faciliteront les apprentissages.

Quelque soient les problèmes et les diagnostics, tout enfant peut apprendre. Peut-être il n’apprendra pas en utilisant les méthodes classiques, peut-être il n’apprendra pas aussi vite et autant que les autres enfants de son âge, mais avec certains ajustements il sera capable d’apprendre. Il suffit de regarder ces parents qui ne se sont pas laissés abasourdis par un diagnostic et ont réussi à élever leurs enfants à un niveau que personne ne pensait jamais atteindre.

Combattez les étiquettes toxiques du vocabulaire de l’enfant

À l’école, dans la rue, l’enfant peut “choper” des étiquettes toxiques. Déracinez-les! Parlez à l’enfant, expliquez-lui ! Mais ne vous résumez pas à seulement quelques paroles. Les enfants apprennent en réalisant. Donnez à l’enfant la possibilité de faire des choses qui augmenteront sa confiance en lui. Donnez-lui un peu de responsabilité à la maison et félicitez-le chaque fois qu’il parvient à faire quelque chose de bien. Motivez-le quand il se sent un peu dépassé. Et surtout, ne faites pas à sa place les tâches qu’il peut accomplir avec peu d’effort.

Lorsque vous faites les devoirs à la place de l’enfant, lorsque vous faites le ménage à la place de l’enfant, lorsque vous faites quelque chose à la place de l’enfant, vous lui montrez implicitement qu’il n’est pas en mesure de le faire, et vous arrosez la graine d’une étiquette toxique.

Faites des bons et grands rêves pour votre enfant

Nous vivons tous quelque part dans les rêves de nos parents. Beaucoup de nos réalisations, beaucoup de nos joies n’étaient au départ que des étoiles de fumée dans les miroirs à parole de nos parents.

Soyez ce miroir qui permettra à l’enfant de prendre confiance en ce qu’il peut faire de bien pour ce monde. Si chaque jour, nous stimulons le potentiel de l’enfant, si chaque jour nous mettons en évidence quelque chose de positif, l’enfant pensera qu’il est bon et grandira bon. Avec nos paroles, nous arroserons les bonnes graines qui germeront et son esprit deviendra un jardin.

Le potentiel de l’enfant : intelligence, aptitudes, talents

TOUT ENFANT NAÎT AVEC UN POTENTIEL. A sa naissance, chaque enfant est semblable à une « graine ». Cultivée avec amour et confiance, chaque graine va pousser vers le soleil et quelque chose de merveilleux sortira de sa petite coquille.

Lorsque nous parlons du potentiel de l’enfant, nous parlons de toutes les qualités innées, de toutes les capacités non apprises, de son intelligence, de ses aptitudes et de ses talents. 

L’intelligence

La définition de l’intelligence a varié au cours de l’histoire humaine. Pendant longtemps, on a considéré que l’intelligence n’était qu’une capacité unique et générale, et pouvait être résumée en 3 verbes «bien juger, bien comprendre, bien raisonner». 

Aujourd’hui, les avis sont partagés entre deux définitions issues de deux grands blocs de psychologues.

Selon la première définition, l’intelligence est la capacité de raisonner, de planifier, de résoudre des problèmes, de penser de manière abstraite, de comprendre des idées complexes, d’apprendre rapidement et d’apprendre de l’expérience. En d’autres termes, l’intelligence est une capacité plus large et plus profonde de compréhension et d’action. 

La deuxième définition est attachée à la théorie de Gradner sur les intelligences multiples. Selon cette théorie, il n’y a pas qu’une seule intelligence, mais 8 composantes: verbale / linguistique, logique / mathématique, musicale, visuelle / spatiale, kinesthésique, inter-personnelle, intra-personnelle, et existentielle. Chaque enfant peut ainsi être très fort dans une ou deux intelligences, moyen dans quelques-unes et peut-être très faible dans une ou deux.   

Les deux définitions sont complémentaires mais la théorie de Gardner est plus utile pour les parents, car elle est plus spécifique, plus centrée sur ce que les parents devraient observer. Elle met en évidence les diverses manifestations de l’intelligence et facilite la capacité des parents à élaborer et appliquer des stratégies et des méthodes adaptées aux besoins de leur enfant.

Malheureusement, les écoles n’évaluent et ne sélectionnent leurs élèves que sur 2 à 3 formes d’intelligence et surtout sur leur mémoire. Les “meilleurs” élèves ont ainsi une mémoire extraordinaire, une intelligence déductive très puissante, mais pas forcément l’intelligence émotionnelle ou sociale.

Aptitudes et Talents

Une aptitude est une disposition, une capacité ou une facilité particulière qui permet d’accomplir une tâche. Une aptitude est le support naturel, la fondation sur laquelle nous pouvons bâtir les compétences et les connaissances.  Les aptitudes de l’enfant sont très variées. On distingue ainsi les aptitudes cognitives, les aptitudes relationnelles, la dextérité manuelle, l’adresse, l’habileté, etc…

Quand une aptitude est remarquable, on parle d’un talent.

Stimulation et gestion des émotions

Toute performance est conditionnée par la capacité de l’enfant à mobiliser ses connaissances et ses compétences. Un quotient intellectuel élevé et une longue liste d’aptitudes et de talents ne sont pas une garantie de réussite. En effet, un environnement peu stimulant, qui ne permet pas à l’enfant d’acquérir de nouvelles connaissances et de réaliser des expériences,  peut condamner l’intelligence, les talents, et les aptitudes à rester dans une phase « embryonnaire ». 

De plus l’hypersensibilité, l’anxiété, la mauvaise gestion de ses émotions, et le fort besoin de perfection sont des  freins qui peuvent empêcher un enfant de mobiliser ses connaissances et ses compétences afin d’obtenir une performance. Par exemple, un surdoué ayant des faiblesses de maturité émotionnelle, une gestion de colère défaillante, un  manque de confiance en soi ou une inflation de l’égo prendra de mauvaises décisions ou aura des comportements maladroits.